Chronique de la librairie "SOLEIL VERT"
presse, critiques et chroniques littérairesChronique de Soleil vert à Calvisson Par Herveline
Quatrième de couverture
Imaginez une caravane, arrimée sur la berge d'un canal en Camargue. Imaginez des pluies diluviennes, le canal en crue emportant la caravane, frêle esquif battant les flots. A l'intérieur, une femme avec pour seul compagnon de fortune un cacatoès... Orpheline, seule au monde, qui s'apercevra de sa disparition ?
Caravane n'est pas un roman policier, ni même un roman fantastique bien que l'étrangeté qui s'en dégage n'en n'est pas très éloignée. Mais ce court roman, que l'auteure est venue me présenter m'a profondément touchée. Un fois n'est donc pas coutume, c'est un texte hors de nos univers que je vous présente en espérant qu'il retiendra votre attention.
Pour commencer Fabienne Gruckert est une romancière gardoise. Elle a passé son enfance dans la région de Calvisson avant de s'envoler vers d'autres horizons pour enfin revenir s'installer non loin d'ici.
Déjà en 2002 elle publiait Le secret des cabaniers, roman fantastique (malheureusement épuisé) deux fois primé (Grand Prix de la Mer 2002 et Mention Spéciale 2002 de l'Académie de Marine). Si elle est aujourd'hui devenue écrivain-biographe, elle continue d'écrire pour elle et fait paraître aujourd'hui Caravane, un beau récit aux effluves oniriques.
Son héroïne a toujours mis sa vie entre parenthèse. Vivant isolée dans une caravane, elle n'attend pas grand chose de la vie. Son voyage immobile prend fin quand un déluge s'abat, provoquant la montée des eaux, et entraîne le frêle habitat sur un canal camarguais qui devient vite un fleuve, puis une mer sans rivage.
Avec une plume pleine de poésie et de sincérité, l'auteure nous arrime au destin de cette femme qui, au travers de cette aventure, va remettre sa vie et ses choix en question. Ce huis-clos fluvial, bien qu'empreint de psychologie par l'aspect métaphorique du propos (la vie n'est pas un long fleuve tranquille) évite la redondance, l'introspection intimiste et narcissique. Certes, on se doute qu'il y a une limite à la fiction, là où tout simplement commence la part autobiographique mais le récit n'est pas construit comme tel. C'est sans doute ce qui fait sa force. Cette errance non programmée et libératrice est jalonnée de réminiscences de souvenirs qui nous dévoilent à chaque page un peu plus du passé de la jeune femme. Sans jamais tomber dans le pathos Fabienne Gruckert arrive donc à faire de son personnage sans nom, un être consistant, réel, touchant. Un texte qui flirte avec le roman initiatique et qui ne laisse pas indifférent
Extrait : "Elle est ma coquille de secours, ma boîte à mystères, unique et exclusive, mon coffre de voyages, un wagon sans locomotive, déchaîné, sans contrainte de retour en gare, libre !"
Nous recevrons Fabienne Gruckert en dédicace à la rentrée.
Fabienne Gruckert Caravane (TDO)